2007 – in progress • Gelatin silver bromide print on baryta paper Ilford Warmtone
Hétérotopies se veut une exploration de l’intérieur des Parcs des expositions. Avatars modernes des Expositions universelles, les Parcs d’exposition ont, comme elles, la vocation de placer le « visiteur » (on ne parle plus d’individu) en dehors de son cadre quotidien. En rupture absolue avec le temps traditionnel, au-delà du carcan journalier, dans ces Parcs nous sommes projetés dans un espace-temps entièrement « autre ». En reprenant un concept de Michel Foucault, on pourrait très bien parler à ce propos de « hétérotopies », c’est-à-dire de « lieux hors de tous les lieux, bien que pourtant effectivement localisables, dans lesquels les emplacements réels, tous les autres emplacements réels que l’on peut trouver à l’intérieur de la culture sont à la fois représentés, contestés et inversés ». Comme les Expositions universelles, les hétérotopies des foires et des salons juxtaposent en un seul lieu réel plusieurs espaces, plusieurs emplacements qui sont en eux-mêmes incompatibles. Cela donne naissance à une « fantasmagorie » benjaminienne où l’homme pénètre pour se laisser distraire. La mienne se veut donc une exploration de la temporalité de ces hétérotopies du divertissement et du rêve, afin de trouver le décalage qui s’instaure, l’étrangeté qui fraie son chemin dans la foule attentive et captivée, la critique sociale qui se glisse dans les coulisses de ces chapeaux magiques. Mais aussi : la façon de signifier l’espace qui les contient ; la relation entre la façade propre de l’organisation, la perfection formelle de ces événements et ce qui est latent ou caché, au-delà du décor.